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Entraide Handicap au Cours Ste Anne - Kernabat (22)

«Apporter aux enfants la miséricorde de la vérité», par l’enseignement et l’éducation, telle est la mission des sœurs Dominicaines du Saint Nom de Jésus. Mais que faire lorsque des enfants ont un retard et des difficultés si importants qu’il est presque impossible de les amener à progresser au sein d’une classe ? Faut-il délaisser ceux qui justement ont davantage besoin de notre aide ? Bien sûr, les sœurs sont inventives pour adapter et aménager le travail mais il faudrait pour ces enfants une présence continuelle pour les stimuler et les faire avancer.

IMG 0011 rLa solution a été trouvée : une auxiliaire de vie scolaire (A.V.S.) poursuivra le travail des Sœurs par son accompagnement et son soutien personnalisés. Au Cours Sainte Anne, cette assistance a été mise en place grâce à l’aide très précieuse du MCF. Elle se poursuivra grâce aux généreux donateurs qui prendront à cœur cette œuvre si nécessaire développée par la commission Entraide & Handicap. Anne Cordier s’est mise au service d’enfants en difficulté depuis le mois de mars : elle l’évoque dans l’entretien ci-dessous.

A quels enfants apportez-vous de l’aide ?

Ma mission est de relayer le travail des Sœurs et de l’orthophoniste auprès de Léopoldine, une enfant dysphasique qui à l’âge de neuf ans suit un CE1 très adapté et ne maîtrise pas encore tous les acquis du CP. Je l’aide pour tous les cours de français et de mathématiques durant douze heures par semaine.

J’apporte aussi un peu d’aide à Maé, une autre élève âgée de quinze ans scolarisée en 5e. Cette dernière suit les cours de sa classe mais rencontre de grands problèmes pour l’abstraction, notamment pour les notions de mathématiques car son niveau est plutôt celui du CE2. A raison de quatre heures par semaine, j’essaye de redonner confiance à cette jeune fille et de défaire les nœuds qui l’empêchent de progresser.

Quelles sont les difficultés scolaires de l’élève de CE1 ?

Arrivée en CP à Kernabat, Léopoldine avait déjà réalisé de grands progrès, même si tous les sons n’étaient pas maîtrisés à la fin de la première année. Il a cependant été décidé, en accord avec ses parents, de la faire passer en CE1 à la rentrée 2021, pour lui permettre de rester avec ses petites camarades et lui éviter de se décourager. La lecture, déjà partiellement maîtrisée en fin de CP, a été mise en place durant la première partie de l’année. C’est une grande victoire pour elle de pouvoir lire aujourd’hui de façon lente et un peu hésitante mais tout à fait courante. Cette acquisition de la lecture a été rendue possible grâce à une méthode très adaptée au fonctionnement de son intelligence et qui avait été saluée avec admiration par la neuropsychologue. Cependant de grandes difficultés persistent : d’après les bilans réalisés, l’expression est laborieuse ainsi que l’abstraction ; la mémoire immédiate est déficiente et des troubles dus à une dyscalculie sévère gênent beaucoup l’apprentissage des fondements des mathématiques.IMG 0001 r

Peut-elle actuellement suivre un cours et travailler en autonomie au sein d’un groupe ?

En ce qui concerne les matières principales, Léopoldine ne peut pas encore suivre tous les cours de CE1 malgré une prise en charge très adaptée par les Sœurs depuis son arrivée. Elle arrive cependant à suivre des matières comme le catéchisme, les sciences ou encore l’Histoire et la géographie, même si elle ne peut retenir qu’une phrase au maximum.

En quoi la présence d’une A.V.S. est-elle nécessaire ?

Etant donné ses difficultés, Léopoldine a besoin d’une aide pour reprendre les bases qui sont déficientes et de la présence constante d’une personne à ses côtés pour être stimulée. En effet, elle peut rester très passive en cours, aggravant encore son retard dans une progression déjà bien entravée par son handicap. Pour aider cette intelligence à bien se développer, il lui fallait donc une aide. J’ai été contactée en février pour remplir ce rôle d’A.V.S.. Infirmière et naturopathe de formation, j’ai immédiatement été intéressée par la perspective d’aider une élève, qui plus est au sein de cette école que j’apprécie beaucoup. Je connaissais déjà bien les méthodes employées dans cette structure et me suis vite mise à l’ouvrage.

Quels sont les progrès observés depuis votre arrivée ?

Les acquis observés depuis plus d’un mois sont notables. Le niveau de Léopoldine s’améliore avec mon soutien, sachant que je suis conseillée moi-même par une orthophoniste afin d’ajuster au mieux les exercices. Le repérage de 0 à 10 est désormais acquis, le calcul progresse au-delà de 10 et l’addition avec dizaine commence à être comprise, ce qui est le début de l’abstraction. Il faut cependant que je stimule sans cesse mon élève et fasse appel à sa mémoire. Nous utilisons différents supports comme des dés ou des jeux qui aident à acquérir le sens du nombre. La logique est travaillée par des jeux de remise en ordre de chiffres ou d’histoires. Pour le repérage temporel, encore très difficile, elle dispose d’un calendrier qu’elle peut manipuler. Nous faisons une courte dictée une fois par semaine ainsi qu’une autodictée pour exercer la mémoire. Tous les jours nous repérons les verbes et les noms ; désormais nous rajouterons l’adjectif. Il faudra ensuite parler des fonctions. Toutes ces notions sont abordées bien lentement et beaucoup répétées. La conjugaison en est encore à son balbutiement et on se cantonne au présent. Des supports de la méthode Montessori nous aident aussi pour réviser certains sons. Ce travail quotidien porte ses fruits : Léopoldine se montre enjouée et participe bien, ce qui facilite d’autant mieux sa progression.

Quels sont vos objectifs ?

Le niveau de CE1 en fin d’année est l’objectif premier à court terme, même si la progression sera lente et devra se poursuivre l’an prochain. Le handicap est important et le travail doit également intégrer les parents afin de permettre à l’enfant de surmonter autant que possible ses difficultés et de ne pas tout oublier durant les vacances. L’école, les parents et l’A.V.S. travaillent ensemble pour que Léopoldine arrive à être autonome à l’âge adulte et puisse s’épanouir et progresser dans sa vie.

Un mot de conclusion ?

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En conclusion, ce travail a pu être mis en place et mené à bien grâce à l’aide des Sœurs de Kernabat, à leur grande expérience des enfants et à leurs conseils avisés. Elles ont adapté leur cours et me laissent la liberté d’entreprendre et de chercher ce qui convient le mieux à Léopoldine et Maé. Enfin l’épanouissement des deux petites élèves est réel, ce qui nous encourage à continuer dans cette voie.

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Avec notre labeur et la grâce de Dieu, les progrès se poursuivront ! Il ne reste qu’à souhaiter que la générosité des bienfaiteurs aidera à multiplier ces auxiliaires pour aider des enfants qui sans cela resteraient bloquées dans leurs difficultés. C’est aussi ce soutien précieux qui permettra aux écoles de recevoir des élèves qu’elles n’auraient pu assumer ! Tous les enfants, quelles que soient leurs difficultés, pourront ainsi recevoir la miséricorde de la vérité et grandir au soleil de la grâce dans un climat chrétien.

 

Source : Famille d'abord N°48